Si le plaisir existe, et si on peut en jouir qu'en vie, la vie est donc un bonheur. (CHAD F.)

Bien que je sois morte pour certains lors du naufrage du MS Vulcania en 1912, j'étais toujours là, uniquement parce qu'Ethaniel m'avait exposé à un choix crucial, mourir ou renaître en tant que vampire et devenir sa compagne. À l'époque j'étais aveuglé par l'amour et si je m'étais laissé transformé c'était parce que je pensais que lui et moi resterions ensemble pour l'éternité. Je pense qu'à ce moment-là, je n'avais pas vraiment pris conscience de la réelle signification de l'éternité, car sinon, j'y aurais réfléchi à deux fois avant de me faire vampiriser. Même si j'étais âgée de 118 ans -et qu'à la fin de l'année j'atteindrais mes 119 ans- il n'en restait pas moins qu'en apparence j'avais l'air d'une lycéenne de 19 ans et comme dans toute nouvelle ville que j'allais, je fréquentais les divers établissements scolaires. Du coup, j'avais eu le temps d'avoir plusieurs diplômes, mais surtout de me spécialiser dans beaucoup de domaines. Parfois, pour m'amuser il m'arrivait de laisser penser à tout le monde que j'étais une fille rebelle, qui n'aimait pas les cours, les séchaient et rataient les examens. À Mystic Falls, j'avais envie de tester une nouvelle chose, soit de sécher les cours, mais de réussir les examens, rien que pour voir la tête des profs ! Ce matin-là, mon réveil avait sonné aux environ de six heures trente, j'avais déjà faillit le réduire en bouillit plus d'une fois, mais ce crétin tenait bon ! Heureusement, aujourd'hui j'étais d'une humeur assez clémente, donc il y avait peu de chance que je sèche les cours, même si dehors il faisait un temps radieux.

M'étant rassasié la veille et le matin même du nectar divin que je prenais pour survivre depuis plus d'un siècle maintenant, je devrais pouvoir résister aux effluves humaines sans trop de tentations. Pour aller au lycée, j'avais opté pour un short en jean et un haut sans manche de couleur grise/ivoire, pour mes chaussures j'avais choisi une paire de ballerines noire qui s'accorderait à la tenue que j'avais décidé de mettre. Le squatt dans lequel je m'étais installé, bien que peu luxueux m'offrai quand même la place indispensable dont j'avais besoin, à savoir d'une salle d'eau, d'une cuisine, d'une chambre et des toilettes. Prenant la direction de la salle de bain, je pris une douche rapide, puis j'enfilais mes vêtements avant de me maquiller légèrement, de m'orner de mes bijoux que je ne quittais jamais, puis de coiffer mes longs cheveux bruns bouclés. Au vu de la chaleur qui risquait de faire, je préférais me faire une coiffure qui ne me tiendrait pas trop chaud, aussi j'avais décidé de me faire un chignon simple. Lorsque je fus satisfaite du résultat, j'enfilais mes ballerines, prépara mon sac de cours -en consultant mon emploi du temps, je vis que j'avais deux heures de géographie et deux heures de philosophie- ce qui me fit soupirer. La géo je n'avais jamais aimé ça, même encore maintenant, j'étais extrêmement réticente à me faire chier pendant les deux premières heures, mais bon, comme le prof ne m'avait vu que quatre mois en tout sur l'année, je fis un petit effort. En fait, c'était plus pour m'amuser qu'autre chose et sûre j'avais déjà une bonne idée de ce que j'allais faire pour pourrir la vie du prof. Je sortis du squatt où j'habitais depuis un an maintenant, puis je pris la direction du lycée.

Lorsque j'arrivais devant l'établissement, il était presque l'heure de rentrer, je traînais pendant plusieurs minutes, assez pour me permettre d'arriver en retard au cours du prof de géographie. Je fis semblant de m'excuser, me confondant en excuses en prétextant une panne de réveil, ce qu'il goba d'après ce que je pus observer. Au bout de dix minutes, oui je ne suis pas patiente du tout, je commençais royalement à m'ennuyer surtout que le cours en question portait sur les déplacements des soldats et les replis stratégiques pendant la guerre de sécession que j'avais pu étudier beaucoup de fois, donc ce programme, on pouvait dire que je le connaissais sur le bout des doigts. Posant la tête sur mon cahier je décidais de piquer un roupillon, mais le prof n'était malheureusement pas du même avis que le mien, car il posa une question, à laquelle je dus répondre. Riant intérieurement de lui, je fis un sourire innocent et répondit exactement à sa question. S'il fut surpris ou impressionné, il ne laissa rien paraître sur son visage, mais son rythme cardiaque s'étant soudain arrêté puis accélérer m'indiquait qu'il avait été étonné de ma performance, ce qui n'avait rien d'étonnant, quand on voyait le dossier scolaire que j'avais. Une fois qu'il fut de nouveau occupé, j'en profitais pour reposer ma tête sur mon cahier et enfin espérer me rendormir, même si je savais que je n'y arriverais pas pour la bonne raison, que mon sommeil était très agité ces derniers temps.

Lorsque la cloche sonna pour annoncer la fin des deux heures de géo, je fus tellement soulagé que je me précipitais sur la sortie, mais le prof n'était pas du même avis que moi et il m'interpella, disant qu'il voulait me parler. Lorsque tous mes "camarades" eurent quitté la classe, il m'invita à m'asseoir, mais je déclinais son offre, l'incitant à me parler. "- Mlle Black, votre comportement risque fort de vous porter préjudice pour votre avenir, vous savez ? Si vous continuez à sécher et à dormir, vous ne réussirez pas votre diplôme !" m'expliqua-t-il en me souriant, sourire qui soit-dit en passant me tapait légèrement sur le système, j'avais envie de lui faire ravaler son sourire, mais commettre un meurtre sur un professeur, risquait de faire attirer l'attention sur moi ou mes semblables et je ne voulais pas que l'histoire de 1864 recommence. Je me forçais au calme et avec mon plus beau sourire, je répondis doucement: -Professeur, comment expliquez-vous que j'ai répondu à votre question alors que je n'ai strictement rien écouté de votre cours...c'est que, je n'ai pas besoin de cours pour savoir les choses ne pensez-vous pas ? Il secouait la tête, soupira, son pouls s'accéléra puis il me répondit avec de la pitié dans sa voix, ce que je n'aimais pas beaucoup : " - Mlle, vous avez simplement eu beaucoup de chance. Mais le fait était que si vous ne vous investissez pas plus dans vos études, votre chute atteindra les abîmes de l'enfer." Opinant doucement de la tête, je le fixais dans les yeux et dit: - Je ne suis peut-être pas la meilleure des personnes, mais je suis capable d'y arriver, alors à l'avenir, fichez-moi la paix ! Puis sans lui laisser le temps de répliquer, je sortis de la salle pour me rendre en cours de philosophie, ce qui était un cours nettement plus intéressant que la géographie !

En philo j'étais une élève appliquée et sérieuse, ce qui étonnait d'ailleurs mes profs en général, car ils disaient que je n'étais pas doué, que j'avais un avenir déplorable, mais ils étaient loin de s'imaginer que j'avais déjà plus d'un siècle d'expérience ! La prof m'appréciait beaucoup et sa façon de donner son cours, d'expliquer et de gérer ses leçons, me donnait envie de m'investir -ce qui était rare chez moi- je dois l'avouer. Les deux dernières heures -à mon plus grand regret- étaient passés tellement vite que bientôt la sonnerie retentit, annonçant midi et la fin des cours de la matinée. Comme mon prochain cours n'avait pas lieu avant deux heures de l'après-midi, je décidais de me promener dans l'établissement et plus particulièrement la bibliothèque, qui était mon endroit préféré. Lorsque j'arrivais dans mon sanctuaire favoris, je partis dans un endroit très reculé de l'entrée, histoire d'être tranquille. Je fis ensuite une recherche pour trouver un livre que je n'avais pas lu, mais surtout qui touchait soit à la philosophie, soit à l'histoire de la ville, pour que j'apprenne davantage de choses sur cette ville mystérieuse. Ma recherche ne fut pas tellement longue et lorsque j'eus trouvé ce que je cherchais, je l'installais à une table et commença la découverte du bouquin. Malheureusement pour moi, j'allais être dérangé, car, d'après mon ouïe ultra développé, des bruits de pas m'indiquait qu'un jeune homme s'approchait vers l'endroit où je me trouvais. Toujours aux aguets, je poursuivis ma lecture, attendant l'arrivée du jeune homme et de voir si c'était moi qu'il cherchait et si oui pour quelle raison...

Comme tous les jours de la semaine, et ce pendant une bonne partie de l’année, Chad allait au lycée de Mystic Falls afin de pouvoir étudier quelque peu. Oui, quelque peu était le mot approprié puisqu’il n’était pas vraiment assidue quant à l’apprentissage proprement parlé. Chad n’aimait pas forcément l’école pour le simple fait qu’il s’ennuyait tout le temps ; sûrement parce qu’il trouvait les cours bien trop faciles et qu’il aurait bien aimé que les séquences s’accélèrent un peu plus.
Afin de palier à cette lenteur déconcertante, Chad partait souvent pendant ses heures de pause à la bibliothèque, seul lieu où il pouvait apprendre autre chose et de manière beaucoup plus rapide.

Ce jour-là, Chad était habillé d’un jean délavé, de chaussures tendances, d’un t-shirt blanc particulièrement moulant et d’une veste en cuir. De plus, il s’était plaqué les cheveux en arrière avec un peu de gel, rendant ainsi son look stylé bad boy, bien qu’au fond de lui, il ne l’était pas vraiment.
Oui, le jeune homme aimait beaucoup donner une image de lui complètement différente de ce qu’il était réellement. Brouiller les pistes, encore et toujours ; ce n’était qu’ainsi que Chad pouvait garder son secret bien à l’abris des regards indiscrets.

Lorsque l’étudiant entra dans la bibliothèque, il se rendit tout de suite dans le rayon histoire pour prendre un livre traitant de Mystic Falls. Bien qu’il connaissait beaucoup sur l’histoire de la ville, il savait que certains détails lui échappaient encore et qu’il lui faudrait étudier davantage pour être sûr de maîtriser le sujet.
Allant s’assoir à une table, il passa derrière une jeune femme et il se figea sur place. Le fait d’avoir respiré ne serait-ce qu’une fraction de seconde venait de lui révéler la véritable nature de la personne qui était toute proche d’elle. Cependant, il ne fut pas inquiet pour autant et reprit sa marche comme si de rien était. Il fallait dire que même si les vampires prenaient des douches tous les jours pour faire disparaître la puanteurs pestilentiels, l’odorat plus qu’affiné de Chad lui révélait la véritable nature de cette jeune femme : une vampire.

Chad, tout en allant s’assoir, réfléchissait. Il savait que certains objets permettaient aux vampires de pouvoir circuler tranquillement à la lumière du jour, mais au cours de sa vie, Chad savait que ces objets n’étaient pas illimités, et lui-même en avait détruit plus d’un. Une fois confortablement assis, le jeune homme ouvrit son livre et commença à lire ce qui était écrit dedans. Mais, son esprit était toujours concentré sur la vampire non loin d’elle. Lorsqu’il s’était stoppé quelques secondes plus tôt, son regard avait brièvement regardé la vampire. Il réfléchissait si elle n’avait pas une bague ou un collier qui serait à l’origine de cette protection solaire. Quoi qu’il en soit, une nouvelle enquête allait être mené pour savoir si cette vampire serait à vaincre ou non.

Tandis que je poursuivais ma lecture, je sentis l'humain se rapprocher et passer derrière moi, puis se figer, ce qui me parut normal, après tout, combien d'humains restaient pétrifier sur place en me voyant ? Cependant, sa respiration cachait autre chose que je ne parvenais pas expliquer, du moins pour l'instant; je devrais donc le surveiller un peu pour savoir qui il était. Et pour moi la meilleure façon d'en apprendre davantage sur quelqu'un c'était tout simplement de parler avec lui, de l'amener à dire des choses personnelles sur lui et ainsi, je saurais qui il est. Quelques secondes tout au plus s'était écoulé avant qu'il ne reprenne sa route, comme si de rien n'était pour aller s'installer non loin d'elle, encore un admirateur ? Ou quelqu'un d'autre ? Une chose est sûr, c'est que ce n'était pas Ethan, son ex-fiancé, car si cela avait été lui, non seulement il ne serait pas humain et en plus, je l'aurais su avant même de le voir. Pour avoir vécu quasiment un siècle à ses côtés, je connaissais le moindre détail de son visage, de son odeur, de sa démarche et de ses paroles et gestes. Je pouvais donc affirmer avec certitude que ce n'était pas lui, mais peut-être était-ce quelqu'un qui le connaissait, ou encore un humain à son service ! J'essayais de me replonger dans ma lecture, mais je n'y parvenais pas, car je sentais l'humain me fixer puis revenir à son livre.

Connaissait-il ma véritable nature ? Impossible, rare étaient les humains au courant de notre existence à nous, créatures immortelles. Je n'ai jamais été très patiente et je ne tenais plus à rester immobile faisant semblant de lire un livre, alors que mon esprit était concentré sur cet être humain au look bad boy. Je devais en apprendre un peu plus sur lui et je n'avais pas d'autres choix que d'aller lui parler. Seulement, je ne savais pas vraiment quoi dire pour engager la conversation, car ce n'était pas vraiment dans mes habitudes de commencer à discuter la première. Rejetant une mèche de cheveux qui m'importunaient, je soupirais tout en posant mon livre d'un geste brusque sur la table. Je me levais de la chaise que j'occupais et me dirigeais vers le jeune homme installé quelques pas plus loin. Je le fixais en train de lire son livre, un livre d'histoire sur Mystic Fall d'après le titre de la couverture. Je me plantais devant lui, attendant qu'il daigne lever les yeux vers moi et je pris une profonde inspiration avant de dire:

- Excuse-moi, mais...on se connait ? Parce que tout à l'heure tu t'es arrêté brusquement et j'ai pensé que peut-être tu m'avais déjà vu...

Mon dieu, mais quelle horreur, il allait me prendre pour une sans amie maintenant, c'était vraiment pitoyable pour une vampire de dire un truc aussi stupide ! Même un gamin de cinq ans aurait pu faire mieux, beaucoup mieux que moi. Je lui souris, montrant ainsi que j'étais une jeune femme inoffensive ce qui était le cas, quoique j'étais un prédateur pour les humains, mais comme je n'étais pas en colère, je n'avais pas besoin de déchaîner ma colère sur eux pour l'instant. De plus, j'avais pris mes précautions en me nourrissant le matin même d'une poche de sang dérobé à la morgue grâce à un humain que j'avais mis sous hypnose. M'apercevant que j'étais encore debout, je pris place face au jeune homme, attendant une réponse quelconque, ce que j'espérais, c'est qu'il ne me trouve pas idiote, car pour une entrée en matière, on ne pouvait pas dire que ce soit très reluisant. Ne sachant pas qui il était, ni son prénom, je me disais qu'après tout je pourrais lui demander de se présenter, car converser avec une personne dont j'ignorais le nom, ce n'était pas quelque chose que j'aimais beaucoup. Je préférais de loin mettre un nom sur le visage des personnes que je côtoyais, ainsi si je devais me venger c'était beaucoup plus simple pour moi de retrouver ceux qui m'avaient nuis.

- Comme t'appelles-tu, bad boy ?